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U.S.A. [2016] – Animation, action, comédie, aventure – Date de sortie : 17/02/2016 – Durée : 01h48
Avec les voix de : Ginnifer Goodwin, Jason Bateman, Idris Elba, J. K. Simmons
Résumé : Zootopia est une ville qui ne ressemble à aucune autre : seuls les animaux y habitent ! On y trouve des quartiers résidentiels élégants comme le très chic Sahara Square, et d’autres moins hospitaliers comme le glacial Tundratown. Dans cette incroyable métropole, chaque espèce animale cohabite avec les autres. Qu’on soit un immense éléphant ou une minuscule souris, tout le monde a sa place à Zootopia !Lorsque Judy Hopps fait son entrée dans la police, elle découvre qu’il est bien difficile de s’imposer chez les gros durs en uniforme, surtout quand on est une adorable lapine. Bien décidée à faire ses preuves, Judy s’attaque à une épineuse affaire, même si cela l’oblige à faire équipe avec Nick Wilde, un renard à la langue bien pendue et véritable virtuose de l’arnaque.
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AVIS : Passionnante et étonnante, cette production Walt Disney aux allures de Buddy movies offre un véritable souffle à la firme américaine et à ses idéaux beaucoup trop traditionnels et familiales pour moi, allant jusqu’à presque abandonner leur vision manichéenne du monde. Rien à redire là-dessus, Zootopie, dans la représentation qu’elle fait de la société, est beaucoup plus ‘adultes’ que ces dernières productions en date, choisissant un décor urbain, rurale et contemporain, et non un décor magique ou de fantasy pur pour raconter une histoire.
Pourtant, quand le générique tombe, quelques défauts m’ont un peu contrarié. Je n’arrête pas de repenser qu’on voit un peu trop les zootopiens se servir de leur Iphone et de quelques unes de leur application comme si c’était le truc le plus cool du monde, effet comique qui n’a eu aucun effet sur moi : de mémoire, j’ai même très peu ri ou souri. Alors que les scénaristes pondent une critique assez juste et sérieuse sur les préjugés sociaux, la peur de l’autre, les rapports de classe et l’influence des médias, la technologie est quant à elle un mimétisme générateur de gags qui ne m’a paru à aucun moment pertinent dans la description qu’ils font du monde.
Ce n’est pas le sujet, certes, les scénaristes font bien ce qu’ils veulent d’autant plus que l’histoire fonctionne bien, mais le fait que ces gags reviennent continuellement sans véritable raison m’ont un peu gâchés le spectacle. [SPOIL] Un peu comme ce final avec Nick Wilde qui devient flic (aucune surprise !) et la gazelle Shakira qui clôt assez mal le récit et qui est sans aucun doute le plus gros point faible du film. Cette scène musicale a tendance à balayer d’un revers de main le contenu morale de l’histoire en plus de ne pas du tout se justifier au niveau de l’intrigue.[FIN DE SPOIL]
Je sais bien qu’on est dans un Walt Disney mais j’ai vraiment trouvé cela assez inapproprié et beaucoup trop conventionnel pour un film d’animation qui l’est beaucoup moins dans son discours : je crois que j’aurais aimé voir une autre fin moins axée sur le happy ending traditionnel et plus en phase avec les enjeux développés.
Mes arguments relèvent plus de la gêne que du reproche mais je dois souligner que les gags m’ont paru vraiment infantiles (du parc nudiste aux fonctionnaires paresseux, scène pseudo culte qui m’avait rebuté à la découverte de la bande annonce) et avaient tendance à altérer le suspense du récit. [SPOIL] Et j’ai trouvé un peu trop facile et prévisible que Nick Wilde entre dans la police. Avec son passé de voyou et son caractère indépendant, ça aurait été beaucoup plus fin et plus cohérent s’il était devenu détective privé. Ou alors le voir embrasser une toute autre nouvelle carrière. On sent bien que les auteurs ont voulu aborder le rôle du déterminisme social – qui concerne nos deux protagonistes – qu’ils dénoncent avec justesse mais je ne trouve pas que cette voie dans la police soit en phase avec l’histoire personnelle du personnage [FIN DE SPOIL].
Si je chipote un peu sur ces défauts d’écriture c’est plus pour souligner ma déception toute relative car les thématiques modernes et le fond subtil du scénario m’a, lui, vraiment séduit et enthousiasmé. Zootopie est donc un spectacle familial réjouissant et bourré de qualité – il est d’une grande tenue visuelle même s’il ne révolutionne rien, le message est plutôt intelligent et bien amené et il faudra donc faire fi de l’insupportable chanson de Shakira pour apprécier cette production qui a tout de même du mal à s’émanciper de ses propres codes et de certains stéréotypes qui peuvent parfois desservir des propos qu’ils prétendent dénoncer.
S’il m’est donc difficile de faire totalement abstraction des gimmicks inhérents à la firme américaine, j’ai passé en soi un très bon moment avec cette intrigue policière plutôt bien ficelée, vraiment bien rythmée et très souvent référencée qui parlera d’ailleurs plus aux adultes qu’aux enfants.
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Ecrit et publié par Mathieu Breuillon
BANDE ANNONCE :