LE MUR INVISIBLE (Die wand) de Julian Pölsler
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Allemagne, Autriche (2012) – Genre : Drame, fantasy – Durée : 01h48
Avec : Martina Gedeck
Résumé : Une femme se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers et s’engage dans une aventure humaine bouleversante.
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AVIS : C’est étonnant comme parfois des films viennent répondre à certaines de vos questions concernant le peu d’émotion ressentit devant un film qui a priori vous semble génial. Je ne sais pas si je dois l’opposer à Vice-versa de Pete Docter qui vient tout juste de sortir, mais je préfère mille fois ce traitement concernant la mise en image de la psyché humaine que celle du studio Pixar et ces émotions anthropomorphisées.
Ici, nous suivons une dame soudainement prisonnière d’un paysage montagneux et forestier : en effet, un mur invisible l’empêche de retourner à la vie civile. Commence alors pour ce personnage dont on ne connaît pas le prénom un voyage mental ou l’introspection et les interrogations existentielles cotoient un fantastique contemplatif aussi éblouissant que profondément évocateur.
A la fois oeuvre tellurique et spirituelle, le personnage parcours ce paysage qui renvoie à sa partie inconsciente qu’elle va devoir explorer, apprivoiser et maîtriser, avec ce que cela implique de découverte sur elle même et sur la nécessité d’affronter certaines douleurs inhérentes à l’être humain, et tout cela de manière toujours métaphorique et poétique ! S’il peut paraître austère par moment, le dépouillement de la mise en scène est toujours au service de l’état mental du personnage, mais aussi de la beauté immuable et mystique de la nature, nature qui renvoie aussi au lieu originel d’où l’Homme vient et retourne.
Certains animaux – surtout le chien en fait – font directement échos à nos émotions, et c’est petit à petit qu’elle commencera à prendre véritablement soin d’eux, et donc d’elle même. C’est à leur contact qu’elle renouera avec sa partie intime, mais ces instants sont toujours très simples. Le cinéaste filme toujours des gestes ordinaires mais essentielles, des actions du quotidien, la voix-off du personnage restant toujours en retrait des images, comme pour souligner à quel point notre intimité semble un monde à part entière.
Les saisons qu’elle traverse renvoient également à certains de ces tourments et n’est pas sans évoquer le très beau Printemps, été, automne, hiver … et printemps (2003) de Kim Ki-Duk qui emprunte la même stylisation, mais avec plus de subtilité et moins d’automatisme dans son écriture cinématographique. L’oeuvre de Pölsler supportera plus les révisions que son lointain cousin coréen.
Cette oeuvre fascine du début à la fin par la pureté et la puissance de ses images (qui n’est pas sans évoquer le courant pictural romantique du XIXème siècle) ! J’en reviens tout simplement pas ! Certains de ses monologues intérieurs m’ont vraiment ébranlés ! Ca m’a donné envie de lire le livre de Marlen Haushofer apparemment fidèlement adapté qui est, dans son pays, considéré comme un classique germanophone.
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Ecrit et publié par Mathieu Breuillon
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