Isabelle Yasmine Adjani est née à Paris 17ème le 27 juin 1955. Elle a un frère de quelques années plus jeune, Eric, célèbre photographe. C’est en 1969, au lycée de Courbevoie, que la découvre l’assistant du réalisateur Bernard Toublanc-Michel qui lui propose le rôle principal de son film Le petit Bougnat.
A cette époque, Isabelle vit tranquillement en famille à Gennevilliers. Elle veut préparer une licence en psychologie et pense que le cinéma n’est qu’une activité parallèle de vacances. Mais le sort en décide autrement puisqu’en 1971, Nina Companeez lui propose de tourner Faustine et le bel été. Dès lors Isabelle ne songe plus qu’au théâtre et peu après s’inscrit au cours d’art dramatique Florent. Elle est choisie pour un très joli feuilleton télévisé : Le secret des flamands, où elle interprète une jeune Florentine de la Renaissance, puis est remarquée par Robert Hossein qui l’engage pour La maison de Bernarda de Federico Garcia Lorca. La pièce est un triomphe, et passant outre toutes les règles puisqu’elle ne sort pas du Conservatoire National d’Art Dramatique, Isabelle intègre La Comédie Française.
On lui confie les rôles d’Agnès dans L’Ecole des femmes et Marianne dans L’Avare de Molière, puis celui de Soeur Marie-Françoise dans Port Royal de Montherlant, et le merveilleux Ondine dans la pièce du même nom de Jean Giraudoux. Mais elle renonce au contrat exceptionnel de vingt ans qui lui est proposé en 1974, et se retourne vers le cinéma pour tourner La Gifle avec Claude Pinoteau. Le film est récompensé par le Prix Louis Delluc et Isabelle par le Prix Suzanne Bianchetti.
Au printemps 1975 commence le tournage d’Adèle H. avec François Truffaut. Isabelle dira : « Ce que j’ai pu fournir au personnage comme élément caractériel, c’est ma violence de tempérament. Et aussi mon envie de m’investir dans le film. Je voulais tellement faire ce film que j’avais l’impression que comme elle (Adèle) je pouvais balayer tous les obstacles« .Isabelle est nominée pour les Oscars et les Césars.
A la fin de l’année Roman Polanski fait appel à elle pour Le Locataire, puis début 1976, André Téchiné lui propose Barocco. « Après Barocco, j’ai acquis de l’assurance, une écoute plus profonde, une observation plus attentive de ce qui m’entoure« , confie Isabelle, que Jacques Rouffio réclame alors pour Violette et François. A un journaliste qui lui reproche la simplicité du personnage, Isabelle réplique : « C’est troublant de s’entendre dire que l’on ne peut travailler que dans l’exception. Parce que ça veut dire quoi, l’exception ? Jouer des personnages fous, hystériques, extravagants, des personnages théatraux ! C’est une arme à double tranchant. D’un autre côté, j’en suis ravie, puisque c’est cela qui m’intéresse ... ».
A l’automne 1977, Hollywood la réclame pour Driver de Walter Hill. Isabelle est surprise par un tournage bien plus paisible que ceux qu’elle a connus en France : « Pour The Driver, il n’y avait que des gens apparemment sans problème. Ce n’était pas le moment d’associer talent et hystérie ! Ils étaient plus discrets, plus techniciens peut-être. Remarquablement calmes ! Et moi aussi j’étais calme !« . Elle rentre en Europe pour entamer, dès l’été 1978, Nosferatu, fantôme de la nuit de Werner Herzog. Le film sort sur les écrans début 1979, et c’est un échec financier retentissant. Mais Isabelle le défendra avec force :« Voilà trop longtemps que je suis dégoutée par ce qui marche et ce qui ne marche pas pour que je continue à m’y intéresser ! Et je suis bien contente d’y être maintenant indifférente ! Herzog est l’un des metteurs en scène les plus intéressants qui soit actuellement dans le monde.« .
Fin 1978, Isabelle et Téchiné se retrouvent pour Les Soeurs Brontë. Elle incarne Emily, l’auteur du mythique Les Hauts de Hurlevent. Son frère Brandwell est interprété par un jeune comédien inconnu, Pascal Greggory … qu’elle retrouvera quinze ans plus tard pour La Reine Margot. Le film représente la France au Festival de Cannes 1979. Et quelques mois plus tard, au lieu de reprendre le chemin des planches de théatre comme elle en avait l’intention, Isabelle donne naissance à Barnabé, fils de Bruno Nuytten, chef-opérateur fétiche de Téchiné…
En 1981 elle fait un retour fracassant puisque trois nouveaux films, tournés en 1980, sont à l’affiche. Clara et les chics types sort en janvier, Possession et Quartet sont présentés à Cannes. Isabelle obtient le Prix d’interprétation féminine à la fois pour le film de Zulawski et celui de James Ivory. Déjà à cette époque on reproche à Isabelle une trop longue absence, ce à quoi elle répond : « Cette inactivité professionnelle m’a permis de beaucoup réfléchir. Et j’ai fini par me dire qu’il faudrait penser à ce que moi j’ai envie de faire plutôt que d’attendre que quelqu’un arrive et me dise « Votre désir imaginaire, je l’ai entre les mains. Voilà le script ! ». Attendre cela c’est idiot.« . Quelques années plus tard elle achètera les droits du livre Camille Claudel et produira le film …
Mais en attendant, Isabelle enchaîne coup sur coup L’année prochaine si tout va bien, sorti fin 1981, et Tout feu tout flamme, sorti en janvier 1982. Puis en février elle est enfin consacrée par le César de la meilleure interprète féminine pour Possession. Quelle série magistrale ! Partout on titre « Adjani Diva » !
Immédiatement après, Isabelle rejoint les plateaux de Carlos Saura pour Antonieta, puis ceux de Jean Becker pour L’été meutrier et ensuite ceux de Claude Miller pour Mortelle Randonnée. Les trois films ne sortiront qu’en 1983. Auparavant elle abandonne en cours de projet Prénom Carmen de Jean-Luc Godard, et Benvenuta de André Delvaux. Pour expliquer son départ, elle dit à propos de Godard :« Pendant ces quelques jours avec lui, je me suis sentie sans protection, vulnérable…Il a un enthousiasme très pudique, et je crois que pour saisir ce qu’il a de tendre et de chaleureux, il faut avoir la pêche. Et moi, je n’étais pas assez en forme pour affronter ses méthodes de tournage magnifiquement perverses. Ce n’était pas le moment. C’est aussi bête que ça. Alors je suis partie …« .
Isabelle trouve l’expérience Saura décevante, mais s’enthousiasme pour ses deux autres films de l’année. Elle s’entend à merveille avec Miller : « On rit beaucoup sous cape tous les deux. Il est formidable : on a l’impression qu’il libère tout son temps pour les comédiens. Il distingue très bien les responsabilités de chacun sur un plateau, et il sait faire confiance aux autres … Et puis à travers sa façon de filmer, il parvient à rendre une intensité, un trouble très particuliers. Il arrive à transcender des présences et à gonfler de sève, comme ça, une expression, un regard … ». Quant à L’été meurtrier : « Jean Becker me l’avait proposé il y a trois ans. Et j’avais dit non parce que je n’en avais pas le culot … Dans le script, il y avait des choses dramatiques que je n’avais encore jamais faites de cette manière-là et des choses drôles que je n’avais encore absolument jamais jouées …« .
Transit par la publicité. Isabelle Adjani, figure emblématique des années 80 selon Jacques Séguéla, comme le fut Catherine Deneuve dans les années 70, tourne deux spots pour les marques LUX (le savon des stars !) et la lessive Woolite. Ce sont les seules pubs télé qu’elle fera en France. Mais elle posera plus tard aux Etats-Unis pour les chaussettes GAP, et en France pour Renault et Lejaby, ainsi que bénévolement pour l’AICF.
Février 1984, Isabelle obtient son second César pour L’été meurtrier. Elle est au box-office la star la plus aimée et admirée des Français. Tout le monde s’incline : elle est géniale. Elle veut revenir au théatre dans une pièce de Strindberg : « Mademoiselle Julie, pour moi, c’est métaphysique. Un chemin de croix. Strindberg n’est pas un auteur qui peut rester tout seul sur une scène. Il se produit, à cause de lui et autour de lui, des tas d’accidents occultes. Tout un monde tellurique entre soudain en action, qui attire vers les démons ou vers les anges, qui vous laisse abasourdi ou en état de béatitude.« . Mais elle arrête après une cinquantaine de représentations, épuisée et éreintée par la critique : « J’ai eu tort d’avoir voulu que tout soit comme avant, d’avoir voulu retrouver le plaisir innocent de jouer comme lorsque j’étais au Français. C’était de la folie, de la pure folie.« .
Dans le courant de la même année sort un album de chansons signées Serge Gainsbourg, dont Pull Marine qui connaît un immense succès, toujours d’actualité aujourd’hui. C’est Luc Besson qui en réalise le clip. Et en 1985, il lui propose le rôle-titre de Subway : Héléna, en compagnie d’un jeune acteur révélé par Greystoke, Christophe Lambert. Isabelle raconte : « J’aime bien la personnalité de Luc. Sa franchise, sa netteté, sa force incroyable. Il m’a donné le scénario à lire. Je l’ai lu immédiatement et j’ai été sidérée. Cela ne ressemblait à rien d’autre. Il y avait des personnages incroyables, des images audacieuses et pas du tout show-off. J’étais surprise à chaque scène. C’était simple, rapide, avec un humour immédiat …« .
Rumeur ignoble, Isabelle serait atteinte du sida, elle serait morte. Mais Isabelle débarque au Journal de 20 heures de TF1 et prouve en direct à la télévision qu’elle est bien vivante et en pleine forme. Balayées les horreurs de fin 86, début 1987, Isabelle part tourner Ishtar aux Etats-Unis : « Je l’ai fait parce que c’était un scénario bien foutu…et en plus parce que c’était un très joli rôle.« , et devient Présidente de la Commission d’Avance sur Recettes, pour laquelle elle s’implique énormément. Elle se bat pour des causes humanitaires : Campagne contre la faim, SOS Racisme. En 1988, elle retrouvera ses racines en se rendant en Algérie, à la veille du référendum proposé par le Président Chadli, pour « soutenir la naissance d’une démocratie« .
Mais d’abord, en 1987 commence aussi le tournage de Camille Claudel pour lequel Isabelle est outre l’actrice principale, art-producer. Elle veut participer aux choix artistiques. Le rôle de Camille fascine Isabelle : passion amoureuse, pulsion créatrice, élévation de l’âme au travers de l’art, comment résister ? Cela fait déjà un an et demi que le projet s’élabore, il en faut encore deux jusqu’à la sortie en décembre 1988 : « On a veillé à ne pas trop éclairer les zones d’obscurité, à ne pas linéariser sa vie. Et on est toujours partis de la réalité, d’informations de base (Le livre de Reine-Marie Paris et trois valises de correspondance familiale des Claudel confiées à Isabelle et Bruno Nuytten). Des décors aux costumes, jusque dans les mots, tout a été construit en partant d’indications vraies, relevées pour vitaliser et énergiser le film.« . Ce dernier est un triomphe est Isabelle est récompensée par un troisième César en 1989 ! Elle est aussi une nouvelle fois nominée pour les Oscars.
Isabelle disparaît des écrans et part vivre à Londres avec Daniel Day Lewis. Elle veut vivre pleinement et elle a bien raison, mais qu’est-ce qu’elle nous manque ! En 1993, enfin, elle réapparaît en clôture du Festival de Cannes, dans Toxic Affair, hors compétition. Le film ne connaît pas un franc succès, pourtant c’est une comédie subtile et douce-amère sur le destin …
La Reine Margot est alors en cours de production. Le tournage commence au Théatre des Amandiers où Patrice Chéreau filme les intérieurs, et va se poursuivre dans la cathédrale de Saint Quentin et à Bordeaux. Là encore Isabelle explose et nous offre le meilleur d’elle-même : « C’est un personnage complexe. La reine Margot, réinventée à partir du roman de Dumas, vit d’une manière tribale avec ses frères. Elle vit l’amour et le sexe sans lois ni tabous. Elle est à la fois très primitive et très moderne. Ce qu’elle veut, elle le prend. Ou bien elle se laisse prendre. Son éducation a le goût du sang. Le sang du massacre de la Saint-Barthélémy.« . Le film arrive sur les écrans en avril 1994, grandiose. Isabelle est couronnée par un quatrième César en février 1995 … mais elle n’assiste pas à la cérémonie et s’en excuse pour cause de grossesse ! Gabriel-Kane naît le 9 avril à New-York.
Juin 1996 arrive avec Isabelle La Diabolique. Elle partage avec Sharon Stone l’affiche du remake d’un film de Henri-Georges Clouzot. Diabolique est excellent, cependant les critiques sont incapables de le considérer comme une oeuvre à part entière. Ils se perdent dans des comparaisons scabreuses avec la première version. Par ailleurs, la sortie du film est compliquée par un contentieux avec la veuve de Clouzot. Mais les ombres qui planent ne réussiront pas à atténuer l’aura d’Isabelle, toujours aussi rayonnante …
Elle est allée en décembre 1996 à New York pour l’anniversaire des 50 ans de Christian Dior, dont elle porte les couleurs depuis de longues années, et devrait bientôt devenir l’ambassadrice officielle de la maison de haute-couture. C’est d’ailleurs John Galliano qui l’a habillée à l’occasion de sa présidence du 50ème Festival de Cannes, du 7 au 19 mai 1997. Jamais une personne aussi jeune n’avait eu jusqu’à présent cet honneur. Isabelle a au moins trois projets proches en 1997 : Passionnément, avec Gérard Depardieu, réalisation Bruno Nuytten (le film sorti en juin 2000 sera finalement tourné avec Charlotte Gainsbourg et Gérard Lanvin) ; un film d’époque dans lequel elle doit incarner Anne Boleyn, une des épouses du Roi Henri VIII (prévu pour l’automne 1997, il a été annulé, mais aucune raison officielle n’a été donnée à ce propos); et ce qui lui tient énormément à coeur, la vie d’Etty Hillesum, une jeune femme juive hollandaise pendant la dernière guerre, d’après son journal personnel « Une vie bouleversée ».
Elle a par ailleurs acquis les droits de deux livres, en vue d’un éventuel tournage : « Sur le bord de la rivière Piedra je me suis assise et j’ai pleuré » de Paulo Coelho, et « L’épreuve », récit autobiographique de Béatrice Saubin, incarcérée pendant 10 ans en Malaisie pour une histoire de drogue. Isabelle était allée lui rendre visite en prison et elles avaient sympathisé. Isabelle Adjani confiait au printemps 1997 au magazine Paris-Match : « Là, je suis bien dans ma vie, je suis heureuse et je me sens prête à nouveau pour tous les bonheurs. Et pour le cinéma.« . Tant mieux !
Au mois d’août 1998, la réalisatrice Erin Dignam annonce le tournage de son prochain film avec Isabelle et l’acteur anglais Jeremy Irons. En janvier 1999, on entend dire que le film, co-produit par les deux acteurs principaux, aurait pour titre « The last face » (Le dernier visage). C’est une histoire d’amour entre deux volontaires de Médecins Sans Frontières. Le projet initial n’aboutira pas, mais le film sera tout de même réalisé en 2004, avec parmi les rôles principaux, Sean Penn, ami proche d’Isabelle.
Au printemps 2000, Isabelle annonce enfin son retour très prochain, sur les planches ! A partir du 18 octobre, elle interprète donc Marguerite Gauthier dans « La dame aux camélias », projet de Robert Hossein, mis en scène par Alfredo Arias, au théâtre Marigny à Paris. C’est un triomphe, la pièce se joue à guichets fermés, à chaque représentation les spectateurs sont en larmes et font une standing ovation à l’ensemble des comédiens. Isabelle tourne à partir du 21 mai 2001 « La repentie », réalisé par Laetitia Masson, qui sort le 17 avril 2002, mais ne connait pas la faveur du public. Cependant il marque enfin la réapparition au cinéma d’une actrice trop longtemps éloignée des plateaux, qui va enchaîner coup sur coup, sous la houlette de ses producteurs et amis Michèle et Laurent Pétin, deux autres films : « Adolphe » de Benoît Jacquot, et « Bon voyage » de Jean-Paul Rappeneau.
En juillet 2002, Isabelle et Jean-Michel Jarre annoncent leurs fiançailles par voie de presse : il se sont rencontrés il y a quelques mois à peine, mais « il n’y a pas de temps à perdre avec l’éternité ». La démarche semble curieuse de la part de deux êtres qui protègent leur vie privée comme l’on sait, c’est pourtant le meilleur moyen d’éviter les paparazzi et désamorcer leurs traques éventuelles. « Adolphe » arrive dans les salles obscures le 30 octobre 2002 et est immédiatement encensé par la critique, qui déclare que personne n’avait su filmer aussi bien Isabelle à part Truffaut, Nuytten et Chéreau. L’adaptation du livre de Benjamin Constant, pourtant réputé importable à l’écran, est une réussite incontestable. Quant à « Bon Voyage », sorti en avril 2003, c’est un succès mondial, présenté lors de très nombreux festivals. Et peu de temps après, Isabelle fait une apparition humoristique de quelques minutes dans « Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran ».
2004 est pour Isabelle une année aussi riche en événements qu’en projets. En juin, dans une interview accordée au magazine Paris-Match, elle annonce sa rupture avec Jean-Michel Jarre. Si réservée sur sa vie privée, si protectrice depuis l’adolescence de son intimité, elle provoque un choc médiatique. Elle est l’emblème du catalogue de vente par correspondance La Redoute pour la saison automne-hiver 2004. Elle s’engage dans des causes variées : l’organisation de la Coupe du Monde de Football, l’homéopathie dans les pays défavorisés. Elle fourmille de projets cinématographiques, un peu partout en Europe, en Chine, au Moyen-Orient. Elle fait le tour du monde des festivals : Moscou, Yokohama, Montréal. Elle donne de très nombreuses interviews, et s’offre au public plus qu’elle ne l’a jamais fait depuis de très nombreuses années.
France – Comédie dramatique (01h29min) – Date de sortie : 29/08/2012
Avec : Isabelle Adjani, Alexandre Astier, Julie-Anne Roth
Résumé : David est ergothérapeute. Il exerce depuis peu dans une riche clinique suisse. Alors que, un matin, il manque une de ses collègues à l’appel, on lui confie une patiente à accompagner pour une course en ville : Madame Hansen-Bergmann. D’abord prudent et respectueux du protocole médical, David se montre procédurier. Mais au fur et à mesure qu’il côtoie sa patiente, sa curiosité grandit : tant de provocation et d’insolence, mêlées à de si soudaines vagues de détresse et de chagrin inexpliquées, ne peuvent cacher qu’un grand traumatisme. Ils ne reviendront pas à l’heure prévue …
Scénario sympathique, réalisation soignée à défaut d’être transcendante, mais malheureusement, les dialogues plombent complètement le film : autant sur la série Kaamelott c’est rythmé et bien écrit, autant ce style d’écriture dynamique et drolatique fonctionne difficilement avec cette comédie dramatique, desservant même la crédibilité des personnages et la profondeur du sujet. Pourtant, il y a tout sur le papier pour faire une histoire belle, simple et émouvante. C’est donc fâcheux de voir que ce qui faisait la marque de fabrique de la série l’ayant rendu célèbre étouffe littéralement le matériau de base.
De plus, les personnages manquent un peu de relief et de consistance. La faute aux acteurs qui donnent plus dans la récitation que dans l’incarnation. Isabelle Adjani, elle même a beaucoup de mal à offrir de l’épaisseur à son personnage. Alexandre Astier, voulant peut être un peu trop jouer les deus ex machina, se repose un peu trop sur ses acquis et n’offre au spectateur qu’un film TV de luxe un poil prétentieux aux effets narratifs assez lourd (dialogues et mise en scène beaucoup trop explicatifs) qui nuisent à son histoire, mais également à l’émotion.
En effet, alors qu’ Astier ne construit l’évolution de ses protagonistes qu’à travers des échanges verbaux efficaces, certes, mais hélas trop démonstratifs, il se laisse embarquer par son récit et manque complètement de finesse quand tombe la résolution de l’intrigue à coup de grande musique et d’images chocs qui enlève de la substance à la morale pourtant sincère du cinéaste. A croire qu’il est meilleur en roi qu’en prolétaire …
Mais reconnaissons tout de même qu’Alexandre Astier surprend son monde en proposant un tel sujet pour un premier long métrage. S’il ne réussit pas à nous convaincre totalement avec ce David et madame Hansen, espérons qu’il apprendra de ses erreurs pour ses prochains films.