Le monde fantastique d’Oz de Sam Raimi
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Origine : U.S.A. – Genre : Fantastique, aventure – Date de sortie : 13/03/2013 – Titre Original : OZ, THE GREAT & POWERFUL
Avec : James Franco, Rachel Weisz, Mila Kunis, Michelle Williams
Résumé : Lorsque Oscar Diggs, un petit magicien de cirque sans envergure à la moralité douteuse, est emporté à bord de sa montgolfière depuis le Kansas poussiéreux jusqu’à l’extravagant Pays d’Oz, il y voit la chance de sa vie. Tout semble tellement possible dans cet endroit stupéfiant composé de paysages luxuriants, de peuples étonnants et de créatures singulières ! Même la fortune et la gloire ! Celles-ci semblent d’autant plus simples à acquérir qu’il peut facilement se faire passer pour le grand magicien dont tout le monde espère la venue.
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Jack, le chasseur de géants de Bryan Singer
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Origine : U.S.A. – Genre : Fantasy, aventure – Date de sortie : 27/03/2013 – Titre Original : JACK THE GIANT SLAYER
Avec : Nicholas Hoult, Eleonor Tomlinson, Ewan McGregor
Résumé : Lorsqu’un jeune fermier ouvre par inadvertance la porte entre notre monde et celui d’une redoutable race de géants, il ne se doute pas qu’il a ranimé une guerre ancienne… Débarquant sur Terre pour la première fois depuis des siècles, les géants se battent pour reconquérir leur planète et le jeune homme, Jack, doit alors livrer le combat de sa vie pour les arrêter. Luttant à la fois pour le royaume, son peuple et l’amour d’une princesse courageuse, il affronte des guerriers invincibles dont il s’imaginait qu’ils n’existaient que dans les contes. L’occasion, pour lui, de devenir une légende à son tour.
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Deux films de studios pour deux grands réalisateurs contemporains ! Souvenez vous. D’un coté Sam Raimi, l’enfant terrible du cinéma d’horreur moderne qui imposa avec Evil Dead une franchise novatrice pour l’époque, renouvelant le genre comme jamais avec deux de ses meilleurs amis (Bruce Campbell et Robert Tapert). De l’autre, un élève surdoué qui marqua à tout jamais les années 90 avec son précurseur Usual Suspect. Pour son deuxième film, Bryan Singer entre définitivement dans la cour des grands en réalisant un polar unique en son genre qui influence encore le cinéma actuel. La plupart des films des frères Nolan, pour ne citer qu’eux, ont souvent dans leur final – Following, Memento et Inception – un puissant climax révélant des éléments dramatiques importants, des vérités jusqu’alors refoulés qui font souvent l’effet d’un uppercut psychique pour le spectateur malléable.
Tandis que le premier parvient à monter la plupart des projets qui lui tenait à coeur (Mort sur le grill, The darkman, Jusqu’en enfer), le deuxième se tisse une carrière tout aussi honorable entre les X-men et Walkyrie. Ils s’investissent tous deux dans divers productions, entre les séries TV – Hercule, Xena, et L’épée de vérité pour Raimi, et Triangle, Dirty sexy money et Dr House pour Singer – ou autres projets s’entourant de proches collaborateurs, de fidèles amis et associés qui travaillent encore et toujours auprès d’eux.
En ce mois de mars 2013, voilà qu’ils nous sortent à deux semaines d’intervalles de colossales productions en images de synthèse. Deux adaptations de contes assez éloignés de leur univers respectifs (moins pour Sam Raimi), car leurs oeuvres modernes et innovantes ont su réellement se démarquer du lot en s’éloignant des modèles traditionnels.
On est en droit de se demander ce qui pousse ses deux grands cinéastes dans des projets pixelisés qui ont été initiés voilà une grosse dizaines d’années par la deuxième trilogie Star wars, mais aussi par la trilogie du Seigneurs des anneaux de Peter Jackson, faisant de Gollum le premier personnage le plus aboutit en performance capture *, et surtout par le récent Avatar de James Cameron, qui a ouvert définitivement une brèche sur le cinéma d’aujourd’hui (et de demain), soit un cinéma entièrement numérique propulsant en même temps que la 3D une approche réellement révolutionnaire de faire des films uniquement en images de synthèse.
A la vision de ces deux films, à savoir donc Le monde fantastique d’Oz de Sam Raimi et Jack le chasseur de géants de Bryan Singer, il faut se rendre à l’évidence d’une chose. Peter Jackson et James Cameron restent indétrônables sur leurs apports en représentation et en imagerie tant leur univers de fantasy à eux ne semblent rien amener de neuf et ni de vraiment innovant.
Sam Raimi se contentera donc de quelques clins d’oeils au film original de 1939 mais aussi à sa propre mythologie, utilisant habilement la 3D pour nous effrayer avec d’obscures créatures ailés, et surprend davantage son monde en nous émouvant comme des gamins avec une simple poupée en porcelaine. Autant dire qu’elle vole la vedette à toute le reste du casting, personnages réels compris, car on ne peut pas dire que James Franco, Mila Kunis et Rachel Weisz (même elle, oui !) soient réellement convaincants et encore moins investit émotionnellement dans leur rôle. Seule la douce et magique Michelle Williams brille au milieu de cette troupe de théâtre amateur sans âme.
La direction artistique, effets spéciaux compris, nous offre quant à elle un spectacle vraiment impressionnant par la qualité de ses paysages oniriques et fantasmatiques aux couleurs alléchantes qui nous émerveillent du début à la fin. A nouveau décor, nouvelle sensation, et la composition des plans en 3D rivalisent clairement Avatar en terme d’immersion. Les scènes dans les airs – un fabuleux voyage en bulles d’air géantes – sont un réel enchantement pour le spectateur.
Sam Raimi, au milieu de cette technologie, se projette clairement à travers Oz qui, en tant que héros, ne possède malheureusement aucun pouvoir pour secourir ses amis … si ce n’est son talent de magicien et d’illusionniste. Grâce à la technologie artisanale de son monde, il fabriquera l’outil parfait – sans spoiler – pour se débarrasser définitivement d’Evanora, la méchante sorcière, ainsi que de son armée.
Bryan Singer aborde l’outil numérique d’une autre façon. S’il suit à la ligne le rythme et la structure du conte traditionnel, sa mythologie ultra classique ne nous transporte pas au delà des nuages. Les géants ne sont pas réellement terrifiants et les plans des paysages évoquent beaucoup trop le Seigneur des Anneaux. Mais ses cadrages en 3D utilisent intelligemment la spatialité et la profondeur de champ, jouant énormément sut les différence de taille entre les humains, les géants et les plus petites choses comme les couteaux, les abeilles ou le haricot magique.
Ainsi, quand un homme cours pour échapper au géant, un plan séquence particulièrement efficace nous montre qu’il faut dix secondes à l’être humain pour distancer le géant, mais celui ci le ratrappe en trois pas et à peine trois secondes. Ils n’ont pas le même rapport à l’espace et au temps. Singer exploite à merveilles les tailles et les spécificités physiques de chacun, le petit l’emportant très souvent sur le grand, comme l’exige la morale.
Et pour parler des acteurs, on ne peut pas dire que le casting soit particulièrement brillant de ce coté là non plus ! Jack, interprété par le frêle et anti-charismatique Nicholas Hoult, n’a pas du tout l’étoffe du héros. Son minois juvénile et androgyne n’est pas ce qu’on pourrait appeler un choix judicieux pour un tel rôle. La princesse Isabelle, certes très charmante, ne brille pas non plus par sa présence, son coté fragile et enfantin handicapant constamment les scènes d’action nécessitant une certaine bravoure et pugnacité. On retrouve par contre sans déplaisir Ewan McGregor en chevalier servant et dévoué à la belle princesse, rôles qu’il a souvent endossés ses dernières années avec la nouvelle trilogie Star Wars (tiens tiens !).
Raimi et Singer, en endossant leur rôle de technicien de studio, nous font, avouons le, passer un bon moment à défaut de réellement nous impressionner. Il n’y a clairement aucune trace de leur génie et ils se contentent simplement de remplir le cahier des charges du blockbuster divertissant, féerique et efficace sans trop explorer de nouvelles pistes, mais apportent tout de même leurs briques à l’édifice du tout numérique.
Leurs prochains projets sont en revanche beaucoup plus excitants. L’un produisant le remake de son bébé Evil Dead (sortit récemment) puis réalisera la suite de L‘armée des morts qu’il écrira avec son frère cet été 2013. L’autre retournant au manette de sa saga X-men, dont la sortie est prévue pour Juillet 2014. En croisant les doigts pour que ces deux productions soient à la hauteur et dans la lignée des précédents opus.
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Ecrit et publié par Mathieu Breuillon
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Capture_de_mouvement
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