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Origine : Portugal, France, Lituanie, Allemagne (1996) – Genre : Drame – Durée : 01h45
Avec : Yekaterina Golubeva, Piotr Kishteev, Setgei Tulayev
Résumé : Une jeune fille observe par le hublot d’un hélicoptère le paysage infini et sévère des Sayanes. Que cherche-t-elle sur cette terre qui n’est pas touchée par la civilisation, seulement habitée par un petit peuple oublie de Dieu, les Tofolars ?
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FEW OF US – La voyageuse au dessus de la mer de forêt !
Few of us est à la fois un film tellurique et panthéiste ou la beauté et la rudesse des paysages filmés évoquent la dureté et l’impassibilité des âmes des habitants, les Tofolars, tribu nomade d’origine turque menacée d’extinction vivant dans les Monts Saïan au sud de la Sibérie. Tel Alexandr Sokurov ou Belà Tarr, le but du cinéaste lituanien Sharunas Bartas est de nous montrer le quotidien et les moeurs de cette tribu dans leur environnement à travers le regard d’une jeune fille qui s’aventure sur leur terre pour une raison qui n’est jamais dite : le récit avec cette héroïne qui débarque dans un lieu étranger pour des raison inconnus fait bizarrement un peu penser à un western.
La mise en scène très épurée, composée de plan fixe très contemplatif, brouille les pistes avec finesse car le documentaire et la fiction s’harmonise autour d’une proposition de cinéma que j’affectionne particulièrement. En bref, la puissance des images et l’absence de dialogues parviennent à créer une réelle immersion et attraction (les 1h30 m’ont paru duré 40 minutes … ça m’a beaucoup surpris de la part de ce genre de film) et la force évocatrice et symbolique des images qui invitent à la méditation pose un regard vraiment profond et singulier sur ce peuple en voie d’extinction (dans une interview sur le bonus du dvd, le cinéaste affirme qu’a l’heure d’aujourd’hui les Tofolars n’existent plus …) et sur l’humanité en règle général.
Alors son regard pessimiste et très stylisé en rebuteront certains, c’est évident, mais je trouve que le cinéaste filme vraiment bien, au delà du portrait ethnographique du film, la solitude des êtres humains *. Leur tristesse, leur colère et leur peur invitent à penser que l’humanité a tout simplement oublié qu’elle faisait jadis partie d’un tout et, pour se connecter de nouveau aux autres et au monde, elle doit atteindre une sérénité et une sagesse par le pouvoir de la contemplation et de la méditation. Car le cinéma de Bartas captive par le pouvoir du silence et sublime le réel par la force des images !
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Ecrit et publié par Mathieu Breuillon
* Sur le dos de la jaquette, on peut lire cette phrase de Alexeï Rybnikov, un célèbre compositeur russe : « Nous sommes peu nombreux, merde, tellement peu nombreux, mais le plus terrifiant : nous sommes désunis. »
EXTRAIT :